EDEN – 3 – Sur Les ruines du passé : chapitre en exclusivité pour les abonnés !

1. Tour de contrôle, répondez

 

 

Ils étaient tous réunis autour des machines de communication de la salle de contrôle. Un silence sans pareil régnait dans la pièce. Il y avait encore quelques minutes, Drago transmettait les données relatives à sa position. Puis il y avait eu ce bruit, sourd, terrifiant. Comme un impact. Depuis quelques instants, Sam s’alarmait, pianotant vitesse grand V sur un clavier noir, cherchant à reprendre le contact. Comme seule réponse, un sifflement insupportable se faisait entendre.

— Sam, qu’est-ce qu’il se passe ?! paniqua Eden.

— Il ne sait pas, il essaie de rétablir la liaison !

Ça n’augurait rien de bon. La jeune femme tenta de garder son sang-froid.
Derrière elle, Henri se rapprocha, posant une main paternelle sur ses frêles épaules, bien fragiles en cet instant de doute immense. De nouveau, Sam tenta sa chance.

— Tour de contrôle à Grand Phénix, répondez, nous avons perdu votre signal !

Toujours rien, hormis beaucoup de bruit indésirable, et ce sifflement.

— Drago, réponds, putain !

Cette fois-ci, même Sam perdait son calme.

Eden releva le regard en direction du président de Gemma. Emeric baissait la tête, perdu dans ses pensées. Il abandonnait déjà ? Non, ce n’était pas une option ! Elle sentit son souffle devenir erratique. Son cœur frappa sa cage thoracique avec une violence inouïe. Il allait répondre. Il devait répondre.
Les doigts du petit blond tentèrent un ultime coup de poker en improvisant des codes sur le clavier. Soudain, le sifflement s’interrompit. Le silence. Parfait, limpide. Aussi insupportable que douloureux. Toujours aucun son. Au-delà de l’angoisse, c’était dorénavant l’horreur qui faisait battre le cœur de la rouquine.
Soudain, un signal orangé se mit à clignoter sur l’impressionnant tableau de bord, celui-là même qu’elle avait l’habitude de surnommer la console de jeu, du fait de ses nombreux boutons et autres joysticks étranges. Henri intervint :

— Qu’est-ce que c’est ?

Tout en répondant, Sam poursuivit ses pseudos-codes à une vitesse folle sur le clavier.

— Ça signifie que leur système de communication est défaillant.

— Oui, on s’en était rendu compte, grogna Emeric, impatient.

— On a désormais la certitude qu’il y a une faille dans leur système, précisa le petit blond.

Tous se dévisagèrent, submergés par la peur.

— Ils ont peut-être simplement percuté une roche, ragea Eden.

Non, elle ne céderait pas à la panique. Ça ne servirait à rien, et de toute façon, une autre explication était inimaginable.
Un second bouton s’illumina en rouge, juste à côté du premier.

— Sam !

Rudy le désigna de l’index. Le principal intéressé ne répondit pas immédiatement, créant une frustration sans précédent chez ses interlocuteurs.

— Sam, que veut dire ce voyant ?! s’impatienta l’Irlandaise.

Le petit blond afficha un regard désolé en se retournant vers elle. Une inspiration plus tard, il chuchota :

— Celui-là indique qu’un problème de moteur est survenu.

Le silence gagna l’assemblée.
Merde.
Cette fois-ci, personne n’osa avancer d’hypothèse. En s’allumant, ce second bouton venait d’anéantir plus d’un espoir. Eden semblait être la seule à refuser d’imaginer le pire.

— Ça pourrait tout aussi bien être un problème électronique lié au tableau de bord… non ?

Sam secoua la tête, le regard vide. Une dernière fois, il tenta de percer le silence.

— Tour de contrôle à Grand Phénix, répondez, bon sang !

Aucun retour. Emeric se passait machinalement la main dans les cheveux. Rose avait porté ses mains jusqu’à sa bouche, les yeux emplis de peur. Elle n’osait croire les aveux murmurés par ce silence. Eden non plus.

— C’est impossible, glissa Rita.

La grande blonde s’appuya sur l’épaule d’Holly pour ne pas laisser ses jambes tremblantes la faire chuter sous le choc. Eden sentit les larges bras d’Henri l’entourer.
Non. Impossible. Non. Non.

— Non ! Essaie encore, Sam !

Ce n’était pas à son ami qu’elle parlait, c’était à cette tête pensante plus douée que n’importe qui ici ! Il fallait qu’il y parvienne, il le devait. Drago était dans ce putain de vaisseau. Il ne pouvait pas être… Non !
Le petit blond essaya une énième fois d’établir un contact, sans grande conviction. Le néant fut leur ultime réponse. Eden sentit ses oreilles bourdonner, son regard devint flou.
Non, non. Impossible !
Son souffle se raréfia, elle avait de plus en plus de mal à laisser entrer l’air dans ses poumons. L’horreur obstruait son passage, piétinant en même temps ses entrailles. Elle s’évanouit.

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