Et si on prenait juste quelques minutes pour s’attarder sur le genre le plus plébiscité par les lecteurs, et pourtant, le plus pointé du doigt par les « élites » du monde littéraire ?
La romance.
Ou plutôt, Les Romances.
Ce genre, si cher à mon cœur de lectrice passionnée et d’autrice dévouée, tend à être maltraité par ses détracteurs, et se retrouve souvent malmené par les effets de mode en tout genre.
Il est grand temps de lui redonner sa véritable identité, de dénoncer les fausses idées qui sont véhiculées à son sujet, et de mettre en lumière ses nuances, nombreuses et riches !
Faites entrer l’accusée, miss Romance, alias notre déesse Multifaces.
(Non, non, je ne suis pas du tout une geek fana de Game of Thrones ! ^^)
1. Qu’est-ce que la Romance
Commençons par le commencement. Si on ouvre un de ces bons vieux dictionnaires à la page de la « romance », voici ce que l’on peut trouver : « histoire qui traite d’amour. »
Nous voilà bien avancés. Oui, il est question de sentiments, entre deux personnes ou plus, ça, nous sommes tous d’accord. Mais plus encore, la romance implique subtilement certains « codes », à savoir une fin heureuse pour le personnage principal, sans quoi, le dérapage vers le « drame » est vite arrivé. Et si par nature, je ne suis pas fan des codes, il faut tout de même admettre que certains sont là pour nous montrer le chemin, comme des balises pour nous guider dans la jungle des écrits.
Mais alors, il est question d’amour, et ensuite, quoi ? C’est là qu’interviennent la richesse et la diversité du genre ! À l’image des émois dont elle fait état, elle peut aisément se mêler aux autres genres et ainsi donner ainsi vie à des univers uniques et originaux ! Love is everywhere…
2. Les sous-genres de la Romance
Au fil des années, elle se réinvente, et propose toujours plus d’associations étonnantes. Loin de faire sur sur place, elle s’approprie des univers à l’opposé du sien pour en réinventer les codes. Mieux, elle continue de nous surprendre, nous lecteurs et lectrices aux goûts pourtant souvent éclectiques. Mais pour se faire, faut-il encore trouver dans les étalages les précieux qui sauront faire chavirer vos cœurs. Les livres les plus mis en avant ne sont pas toujours les meilleurs choix, puisque comme une grosse production hollywoodienne peut s’appuyer sur une promo d’enfer à gros budget pour la sortie d’un Blockbuster, certains éditeurs prévoient des sommes astronomiques pour placarder partout leurs dernières sorties. Parfois, un long métrage de moindre ampleur marquera nos âmes à vie tandis qu’une œuvre surplébiscitée dans les médias n’aura été qu’un long ramassis de clichés. À chacun de trouver son coup de cœur, donc, dans cette folie livresque de plus en plus épaisse.
Il n’en est pas moins vrai que de nouveaux sous-genres ont récemment vu le jour, s’ajoutant à la liste déjà longue de ces branches issues de la romance. Voici un petit topo non exhaustif de ce que l’on peut trouver à l’heure actuelle.
- La romance contemporaine : il inclue toutes les romances depuis 1950 et se concentre sur l’histoire d’amour des personnages centraux.
- La romance historique : toutes les romances qui se déroulent avant 1950.
- La romance paranormale ou fantastique : ce sous-genre englobe la romance insérée dans un univers SF, fantastique, ou fantasy.
- La romance suspense : romances plongées dans un univers à suspense, énigmatique, mystérieux ou de thriller.
- La romance young adult : les personnages principaux de l’histoire ont entre 18 et 30 ans.
- La romance érotique : quand l’érotisme prend une part importante dans l’intrigue de la romance.
- La dark romance : nouvelle vague… une histoire d’amour naît d’un événement très sombre… (ex : Syndrome de Stockholm)
- La romance action ou suspense
Et il en existe bien d’autres encore. La liste évolue au fil du temps. Le plus déroutant, c’est qu’ils ne s’opposent pas forcément… ainsi, une romance pourrait aussi bien se situer dans le sous-genre contemporain et en même temps, en Young adult… tout est donc au final une question purement subjective pour déterminer ce qui caractérise me mieux une histoire, le YA s’appropriant désormais très souvent des codes pourtant propres à la romance érotique… vous avez dit casse-tête ?
3. La romance aujourd’hui
Mais alors, quelles sont les tendances actuelles ? Autant l’avouer, ils sont loin les vieux Harlequin illustrés de nos grand-mères… Et depuis l’apparition d’un certain Christian le richissime et d’Anastasia la presque-soumise, les choses ont évolué de plus belle ! « Les normes » ont explosé, les tempéraments se sont libérés. Résultat : la romance d’autrefois tend à s’uniformiser selon de nouveaux balisages : on le voit tous sur nos fils d’actualités, la mode actuelle porte sur de l’érotisme plus poussé, des couvertures plus suggestives, et de nouveau, les sous-genres bien inscrits dans les livres sentent leurs frontières trembler. Qu’importe. L’époque se veut rock’n Roll, et créer des « ovnis » inclassables est devenu commun (je suis moi aussi passée par là, la faute à mon imaginaire qui refuse catégoriquement de se plier aux règles ^^). Oui, mais…
6. La romance au pluriel !
Tout irait bien dans le meilleur des mondes si seulement on n’occultait pas les autres branches existantes Il suffit de parcourir le web pour découvrir que la vague « new romance », qui n’est d’ailleurs plus une vague, mais un tsunami qui noie tout le reste, commence à remplacer, dans l’imaginaire de beaucoup, le terme générique Romance, qui pourtant regorge de tellement de nuances ( non, pas celles de Grey !)
Il faut savoir qu’à l’origine, le terme « new romance » a été pensé par l’éditeur Hugo roman. Cela le définit dorénavant. Donc à moins de lire un livre de chez eux, vous ne lisez « théoriquement » pas de la « new romance ».
Mais passons.
Ce que je regrette en tant que lectrice de romance (personnellement, j’aime tous les sous-genres de la romance, et me plais à varier les plaisirs) c’est de devoir chercher longtemps pour dénicher un livre qui sortira des sentiers battus.
La faute, sans doute, à ce courant lancé il y a quelques années : le sexe fait vendre, écrivons du sexe, parfois au détriment de l’intrigue, et surtout, trop souvent, des sentiments, qui pourtant, sont les bases de la romance… par chance, on finit par dégoter nos perles, nos coups de cœur, mais avant de tomber dessus, il faut :
1/ fouiner pendant un bon moment entre les copies de 50 nuances et leurs cousins
2/ avoir un sacré coup de bol et voir une pépite vous sauter aux yeux dans la jungle des sosies
Le trop-plein, le trop vu, fatiguent un peu, sans doute.
Bref, la romance existait avant la marque déposée par Hugo, et elle continuera d’exister. La meilleure manière de perpétuer sa richesse, et donc, sa diversité, c’est encore d’élargir ses lectures à toutes sortes de variantes, et de se laisser tenter, parfois, par l’inconnu. Libre à chacun de voguer vers les livres qui attiseront son intérêt. 🙂
4. Pourquoi la romance ?
En tant que lectrice, je crois n’avoir jamais envisagé une lecture sans sentiments.
Certes, qui dit sentiments, n’implique pas toujours une romance, cela peut aussi être un drame, ou même un thriller, pourquoi pas, selon le genre prédominant de l’intrigue. Mais avant tout, j’ai besoin au fil des pages de vibrer avec les personnages, d’aimer avec eux, de détester, de pleurer et de rire. C’est ce qui me fait rêver dans mes lectures. L’amour permet tout ça. Par conséquent, la romance aussi. Ce que je trouve le plus captivant, c’est la capacité d’un duo à franchir toutes les épreuves que l’auteur (souvent sadique, j’en sais quelque chose ^^) se plait à mettre sur son chemin. La façon dont les sentiments évoluent, la manière dont deux êtres supposés différents s’unissent sous les aléas d’un destin commun, envers et contre tout. Voilà ce qui fait battre mon cœur de lectrice ? Et vous, qu’est-ce qui vous fait chavirer ?
5. Fausses idées
Enfin, venons-en au point fâcheux de ce genre que j’adore. Ses détracteurs. Les fausses idées concernant la romance sont nombreuses, et j’aimerais en pointer certaines du doigt.
► La romance est un genre mièvre pour les midinettes…
Heu… Non. Peut-être le fut-elle il y a longtemps, lorsque les dinosaures peuplaient cette planète, et encore… Bon, OK, les couvertures des vieux Hqn laissaient à désirer, mais c’était époque qui voulait ça. On a parlé plus haut de l’évolution du genre, eh bien justement ! Le fait de pouvoir associer la romance à d’autres genres permet d’élargir également le public auquel elle se destine. Et si vous en me croyez pas, allez donc dire aux bikers qui ont dévoré mes Wild Crows (romance suspense) que c’est une « lecture de midinettes » ! ET « voui », Messieurs, vous vous cachez peut-être pour lire, et pourtant vous devriez le crier haut et fort, parce que, soyons honnêtes, on a besoin de vous dans nos lectorats ! Vous êtes un souffle d’air frais supplémentaire ! Notre cerise sur le gâteau ?
La romance peut se conjuguer de tellement de manières, se cuisiner à tellement de sauces différentes, que les possibilités sont infinies ! Alors, pourquoi se contenter de rester dans le même chemin engorgé ? Il y a autant de profils de lecteurs que de types d’intrigues, si ce n’est plus, s’échapper du peloton peut devenir l’occasion idéale d’aller à leur rencontre !
► La romance est ennuyeuse
Vraiment ? Alors, aventurez-vous donc dans des titres plus sombres, optez pour des frissons, ou bien encore une comédie romantique, pour ceux qui aiment rire. Et que diriez-vous d’un simple histoire de reconstruction, ou tout autre sujet sérieux, de société, le tout accompagné par une histoire d’amour qui vous prenne aux tripes ? Vous voyez où je veux en venir ? Le terme de romance est générique, apprenez à lire entre les lignes, et faufilez-vous dans ces coulisses du genre, en quête de la nuance qui sera la vôtre !
► La romance est un genre de bas-étage
Mouais… parce qu’un genre est populaire, selon certains grands pontes autoproclamés, il devient forcément mauvais. Je remarque surtout beaucoup de jalousie de la part d’auteurs qui ne parviennent pas à vendre et se réfugient derrière ce genre de critique, s’estimant trop talentueux pour être compatis du petit peuple.
Il y a aussi les lecteurs qui tirent ce jugent hâtifs, tout simplement, car ils ne connaissent pas le genre, pour la semple et bonne raison qu’ils n’ont jamais tenté d’en lire, pour l’une des deux autres « raisons » évoquées ci-dessus. Pour ceux-là, je ne dirai qu’une chose : penchez vous rien qu’une fois sur une romance immergée dans un sous-genre que vous appréciez en temps normal : fantastique, SF, suspense…
Vous pourrez bien vous retrouver dans la position de l’arroseur arrosé ! Et je vous le souhaite de tout cœur.
Parce que la romance fait rêver, et qu’il n’y a rien de plus beau qu’un songe nous murmurant rien qu’un instant, que tout est finalement possible…
Au final, il n’y a pas une romance, mais des romances, et il me semblait utile de le rappeler.
Cet article sans prétention ne se veut certainement pas moralisateur, je ne suis personne pour donner des conseils ou indiquer un quelconque chemin à suivre. C’est parce que chaque lecteur est différent, montre des attentes qui lui sont propres, et fait preuve d’un jugement subjectif que le champ des possibilités devient incroyablement vaste.
La romance peut proposer un éventail incroyable de propositions, chaque jour en laissant naître davantage. Et il me semble intéressant de les explorer, les unes après les autres, que ce soit pour le plaisir de dénicher une petite merveille cachée au fond d’un chemin secret que pour le simple bonheur de s’évader en toute simplicité.
Romancément,
Blandine.