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L’heure de la rétrospective

« Les Temps changent » répétait MC Solaar dans sa chanson éponyme. Et, bon sang, il avait bien raison.
Voilà déjà 3 ans que j’ai envoyé mon premier manuscrit fini à un éditeur, et un peu plus de deux ans qu’il a été publié. Trois minuscules petites années de rien du tout, et qui pourtant, ont vu s’opérer tellement de changements !

L’heure est venue d’établir  un petit bilan « avant-après » sur ces dernières années, histoire de faire un parallèle entre ce qui était vrai 3 ans en arrière, tant dans le milieu littéraire qu’au sein de mon propre parcours d’auteur, et ce qu’il en reste aujourd’hui.

 

doctor who time GIF by BBC

 

Trois ans plus tôt, donc, je terminais mon premier roman, le premier tome des Passeurs de Lumière.
Comme tout début, si je regarde aujourd’hui cette saga, je voudrais la retravailler, parce que depuis, ma plume a beaucoup évolué, et que bon nombre d’erreurs ont été commises dans le travail éditorial de l’éditeur à l’époque.  Je récupère d’ailleurs les droits dessus en septembre 2019 et compte passer du temps dessus pour lui donner une seconde vie plus intense, après un travail approfondi sur le texte.
Mais si ma manière d’écrire a beaucoup changé, d’autres points ont eux aussi varié au fil des années, des réussites, des échecs, des déceptions et des rêves atteints.

 

1/ Ma vision du monde littéraire dans sa globalité

 

AVANT

Dans ma bulle rose à paillettes, j’étais un vrai Bisounours, et de là où je me tenais, j’avais une fâcheuse tendance à idéaliser tout ce qui touchait de près où de loin à l’édition.  Jack et le Haricot magique, c’était de la gnognotte à côté de ma vision fantasmée du monde enchanté de l’édition. Imaginez une grande marmite arc-en-ciel dans laquelle on mélangerait une flopée d’auteurs solidaires et altruistes, des éditeurs bienveillants et ultra pros, des participations aux plus grands salons, des lecteurs par milliers, la passion comme unique moteur… mélangez, mélangez, et voilà le point de départ d’une longue prise de conscience.

 

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APRÈS

Miracle, ô miracle des expériences vécues, riches d’enseignement, j’ai vite déchanté. Tout n’est pas négatif, loin de là; mais de mon rêve « un poil » trop idéaliste, il fallait bien atterrir un jour, pour remettre les pieds sur terre et regarder la vérité en face, maintenant que le rideau des coulisses était soulevé.

 

2/ Ma perception de l’édition traditionnelle

 

AVANT

Comme beaucoup d’auteurs, j’ai mis les pieds dans cet univers marqué par des codes bien précis, mais nouveaux pour moi. Comme la petite bleue que j’étais, je me suis renseignée dans le but d’éviter les plus gros dangers, j’ai questionné bon nombre d’auteurs sur leur expérience au sein de telle ou telle maison d’édition, j’ai avalé le contenu du forum des jeunes écrivains concernant les pièges à fuir, et j’en passe.  Et bien évidemment, comme tout newbie qui se respecte, ou presque, en mon sens, « il fallait être édité(e) chez un éditeur ». Je n’envisageais pas d’autre option, sinon, laisser mes textes dans un tiroir. L’édition indépendante ? Je n’en entendais pas parler, et ne m’y intéressais pas vraiment, simplement car je ne la connaissais pas assez bien, et que partout, on nous rabâchait, consciemment ou non, que la voix classique de l’éditeur était l’unique méthode…
Les soumissions à de (trop) nombreux éditeurs à l’époque sont venues d’une réflexion simple, mais qui guide ma vie depuis : « Et si ? ». Ce fut le premier « Et si » qui fonctionna, avec plusieurs retours positifs, qui représentaient à mes yeux le Saint Grâal ! Eh oui, parce que quand on débute, on a une fâcheuse tendance à hisser les éditeurs au rang de dieux capables de changer votre existence et de faire de votre manuscrit le livre de l’année… Tout le monde est beau, gentil, et tout va bien dans le meilleur des mondes, au  début du moins.

 

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APRÈS

Un rire amer pourrait suffire à transmettre mon ressenti sur ses jours heureux si lointains, et surtout, si naïfs. Certes, 3 ans, à l’échelle d’une vie, c’est peu, mais à la vitesse où les choses bougent dans le milieu de l’édition, c’est énorme. Petit bilan de mes premières publications dans la voie dite « classique ».
Pour mon premier contrat, j’ai fait appel à un avocat afin de pouvoir acter avec mon éditeur une cession de droit avant la date prévue, qui était initialement fixée à 2021. La saga est passée inaperçue, et mérite un travail éditorial bien plus conséquent. J’espère la retravailler pour la ressortir de façon plus digne en 2020.
Mon second contrat avait été conclu avec une petite structure. Aucune visibilité, aucune vente, aucune promo, résultat, nous avons rompu notre collaboration. La maison d’édition est tombée en faillite il y a peu.
Seul rayon de soleil dans ces premiers essais désolants, ma collaboration pour un projet caritatif, visant à sensibiliser les gens sur le sort des chiens en Roumanie, je reversais 1 € sur chaque vente à des associations. Le but n’était pas d’exister, comme un roman, mais d’aider une cause, et confier ce projet à une personne réellement concernée et déjà impliquée pour la cause animale revêtait un sens tout particulier. Mais ceci est hors sujet, car nous nous consacrons ici à mon expérience vis-à-vis des romans.

Nous atteignons donc le Summum de ce qui représentait le rêve à mes yeux de jeune auteure inconnue : l’éditeur dont je rêvais depuis toujours m’avait ouvert les portes le temps d’une saga pour laquelle je m’étais beaucoup investie émotionnellement. Bilan : aucune mise en avant, pas même un post pour la sortie du dernier tome, aucune place sur les grands salons et j’en passe… ventes ridicules.

Pour chacun de ses romans, les retours sont positifs. Un point commun : l’invisibilité. Entre déceptions, relations parfois compliquées, sentiment d’inexistence au sein des catalogues chargés d’auteurs habitués aux bestellers… le rêve du départ s’est bien assombri pour moi, et j’ai rapidement compris que cette forme d’édition ne m’apporterait jamais la satisfaction pour laquelle je persévérais : un juste retour des choses, des choix plus libres et une place, quelque part, dans la jungle livresque, aussi petite soit-elle.
De là est venue ma première sortie en tant qu’auteur indé, une romance historique, Sons of Alba, puis un roman feel good, Happiness Palace, et une romance contemporaine, Quelque chose de bleu. Le constat ne s’est pas fait attendre. Pourquoi n’avais-je pas ouvert les yeux plus tôt ? Je choisissais tout de A à Z, m’entourais des professionnels que je sélectionnais, actais chaque modification concernant mon travail. Je m’épanouissais un peu plus chaque jour, et découvrais que j’avais ignoré cette possibilité trop longtemps alors qu’elle était pourtant à portée de main ! Et quand Wild Crows est arrivé en janvier, ce fut un tsunami de bonheur, bon sang ! Cet entrain, cette vague d’enthousiasme, tout en ayant la possibilité de tout choisir moi-même… Une autrice comblée, ça change la donne !

 

3/ Mon rapport aux blogueurs

 

AVANT

Je me souviens encore de mes débuts, lorsque, en attente des premiers retours éditeurs, je toquais à la porte de blogueurs en espérant qu’ils acceptent de me consacrer un peu de temps, de lire l’un de mes textes, ou de me proposer une interview, un concours, etc.  Rares étaient celles et ceux, et je les comprends avec du recul, à ne pas avoir  accepté alors de m’accorder un peu de leur précieux temps. Tellement de jeunes auteurs, combien persistent passés quelques mois ? Combien produisent des textes « lisibles » selon les blogueurs ? Faisais-je partie ede ceux-là ?

J’en profite pour remercier les rares ovnis qui ont alors dit oui, je pense à Nathalie, Ophélie, entre autres, qui sont depuis devenues des partenaires et des amies.

 

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APRÈS

Si quelques rares blogueurs qui ne daignent pas regarder du côté des auteurs indépendants sont encore frileux, je peux désormais compter sur bon nombre de partenaires, prêts à lire chacune de mes sorties pour me donner leur ressenti sincère, neutre, et bienveillant.
J’ai même eu le plaisir de voir se pointer quelques noms qui à l’époque ne m’avaient pas répondu favorablement, et à mon tour de pouvoir choisir si oui ou non, j’avais envie ou pas de les laisser lire en exclusivité les écrits, soudain dignes d’intérêt par qu’un effet de buzz — qui n’est pas de mon ressort — s’est  créé naturellement autour des Wild Crows.
Les passionnés s’entendent toujours ! ♥

 

4/ Mon rapport aux auteurs

 

AVANT

Quand on se lance, on arrive dans une jungle sans nom où tout est aussi fascinant qu’effrayant. Imaginez un enfant dans un magasin de jouets, une souris dans un buron rempli de gruyère…
On se sent tout petit aux côtés des auteurs de renom, l’échelle qui nous différencie semble si lourde… Alors on aimerait bien que l’un d’eux s’intéresse un tant soit peu à nous, nous prodigue de précieux conseils, parle de nous autour de lui dans son lectorat tellement plus développé que le nôtre, et j’en passe.
Je ne leur jette pas la pierre, puisque désormais, avec le recul, je ne peux que constater que chaque année, des centaines de nouveaux auteurs arrivent dans la fosse aux lions, la tête emplie des mêmes rêves, le cœur sur la main, des paillettes plein les yeux.
Alors, peu l’on fait, peu le font, et peu le feront. Je ne suis pas mère Thérésa, mais si de temps à autre, d’une manière ou d’une autre, je peux aider quelqu’un, ce sera avec plaisir. Je comprends néanmoins maintenant que les apparences sont trompeuses dans ce milieu, et que, selon de l’endroit où l’on se tient pour observer la scène, chacun à ses raisons d’espérer ou de fuir ce genre de schéma.
Avant, j’idolâtrais presque les auteurs ayant réussi, je les enviais un peu, beaucoup, et je frôlais le côté fan…
Bref, je mettais entre eux et moi tout un monde, persuadée du fait que jamais je ne serai eux, que jamais ils ne seraient moi. En y songeant, c’est plus simple de ne pas être déçu(e) lorsque l’on se fixe des objectifs minuscules.

 

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APRÈS

Haut les cœurs ! Je me suis trompée, une fois encore ! Déjà, par cette attitude, certes, logique lorsque l’on démarre, mais pourtant néfaste. Il n’y a pas deux sortes d’auteurs : les grands, et les petits. Il y a une panoplie d’auteurs divers et variés, chacun avec son style, son univers, son parcours.
À force de faire ds salons, on se retrouve rapidement assise à côté de Madame X, prix Machin de l’année, ou de Monsieur Y, bestseller de l’été. Et alors ? Ils ne sont que des passionnés de la plume, au même titre que tous les auteurs, et qui plus est, avec un peu de chance, ce seront de super collègues de salon, des gens très abordables et « lambda », pour notre plus grand plaisir.

Autre point, quand on a roulé un minimum sa bosse du côté littéraire, on réalise à quel point cet univers, à l’instar de ses confrères, le monde musical, les arts du spectacle et j’en passe, sont aussi le terrain de jeu de pas mal de profiteurs. Ami d’un jour, inconnu du lendemain, le vent souffle fort sur PlumeLand et emporte avec lui tout ce qui est inutile à la journée qui démarre, bien souvent.
Ceci est aussi en partie dû à l’effet consommable de tout et n’importe quoi, la société actuelle, bla-bla-bla, et quid de la nature éphémère des liens créés via les réseaux sociaux ?
Oui, mais, me direz-vous, il ne faut pas voir tout noir ! Et je suis bien d’accord ! Mon optimisme n’est pas une légende, bien que cet article le masque à merveille, avec cette ironie grinçante et un peu trop constante.

Fort heureusement, certaines rencontres sont riches d’enseignements, d’échanges et de bons sentiments, assez pour nous laisser espérer une vision plus « zen » de tout cet univers.  Comme pas mal de mes amis auteurs, j’aime à penser que pour bien avancer, il faut le faire ensemble, de la bonne manière, en s’entraidant. Je ne pense pas que les auteurs soient concurrents, quand on voit la quantité de livres qu’un lecteur peut dévorer ! Ceux qui évoluent dans la perspective de lutter contre les autres ne m’intéressent pas (ils sont pourtant nombreux) et je préfère ne pas leur accorder d’importance, pour me focaliser sur du positif. Parce que c’est ça, aussi, que m’ont enseigné ces années : savoir faire le tri dans les informations pour ne garder que le bon, cesser de s’intoxiquer avec du négatif, et songer à l’essentiel.

 

5/ Mes lecteurs

 

AVANT

Nous y voilà ! Le centre névralgique d’un parcours d’auteurs. Le Ying du Yang. La croûte du fromage. (Sympa, hein ?) Un auteur n’en est un que s’il rencontre des lecteurs. Écrire est une passion, mais je ne connais pas d’auteur qui écrit sans le désir d’être lu un jour. S’il en existe, grand bien leur en fasse. Pour ma part, mes lecteurs sont un tout. Leur retour représente le plus beau moteur dont j’ai besoin pour continuer à persévérer, à imaginer plus encore d’univers, à créer de nouvelles histoires. Je n’écris plus seulement pour moi, mais pour eux.
Sauf qu’au tout début, eh bien on n’en a pas. Il faut croiser la route des premiers, et ce n’est pas chose aisée ! On voit certains auteurs décoller, et on se dit, « pourquoi pas moi ? ». Le destin semble sourire diaboliquement et répondre un « Parce que !  » façon pub Orangina.
On avance à pas de loup, et c’est long, très long pour que le bouche-à-oreille des premiers lecteurs ravis fasse son petit effet, pour que certains blogueurs fassent connaître vos écrits, etc. Parfois, on se décourage, et on se dévalorise, par la même occasion, tant qu’à faire… Et puis un petit message de rien du tout, quelques lignes envoyées en privé par un lecteur heureux nous redonnent la force d’avancer de nouveau. Des montagnes russes émotionnelles. Et puis on réalise qu’on a déjà de la chance d’avoir ces précieux lecteurs, attentifs à nos mots, bien que ce monde semble toujours s’élargir entre ceux qui « fonctionnent » et nous…

 

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APRÈS

Bon sang ! Voilà ce qui a incroyablement évolué ces trois dernières années ! Vous ! Le petit cercle du début a pris une ampleur folle, notamment depuis l’arrivée des Wild Crows dans vos liseuses ! C’est aussi fou et imprévisible qu’un orage, Bim ! Une vague de folie se déverse depuis janvier sur ma vie, et je peux vous garantir que je la savoure, bien consciente que rien ne dure dans ce milieu ! Je me délecte de chaque message, de chaque sourire, et de chacune de vos intentions !

Pour faire simple, par le biais d’une magie que rien ni personne ne peut maîtriser, vous m’avez empli de bonheur pour les siècles à venir ! C’est une tornade grisante que votre enthousiasme !

Du fond du cœur, merci à chacun d’entre vous, qui me suivez, qui lisez mes romans, les conseillez autour de vous, les faites vivre et revivre !

 

EN BREF

 

Et dire qu’il m’aura fallu voler de mes propres ailes en tant qu’indé pour atteindre ce bonheur simple : celui de maîtriser mon travail d’auteur, de poursuivre chaque jour le chemin, porté par vos retours nombreux, votre bonne humeur, vos encouragements !  La liberté se mêle à la joie, il n’y a rien de plus vivifiant, et je vous le dois !

3 années, parsemées d’un micmac émotionnel déroutant, d’avance, de défaites, de craintes, de victoires. J’apprends encore chaque jour et compte bien m’améliorer un peu plus à chaque fois. il est évident qu’aucun de nous n’est parfait, certainement pas moi. Je me professionnalise, à mon rythme, laissant cette passion devenir une majeure partie de ma vie, j’apprends de mes erreurs, et découvre régulièrement de nouvelles possibilités.

Depuis, la situation des indés à également bien progressé : désormais beaucoup d’auteurs choisissent cette voie, pas « dans l’attente de mieux », mais parce que c’est ainsi qu’ils envisagent l’écriture, tout simplement.  Le sérieux et la professionnalisation des indés leur permet une visibilité plus grande, leur entraide aussi, et par-dessus tout, les lecteurs suivent la mouvance !

 

Chaque auteur trace son propre chemin, armé de bagages qui n’appartiennent qu’à lui. Mais ce qui reste sûr, c’est que la détermination et la passion doivent mener la danse.

Ne laissez jamais personne vous dire que c’est impossible, il n’y a que les lâchent qui n’osent pas tenter leur chance, et que les jaloux pour éteindre une étincelle avant qu’elle ne démarre.

 

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