« LORD Seigneur des rues roumaines » vu par Marie Mainville
Extrait : ”Mariana approche, accroupie, la main tendue. Sa voix se veut toujours aussi enchanteresse. L’animal hésite. Hier, elle lui a apporté de quoi manger, sans rien vouloir d’autre. En sera-t-il de même ce jour-là ? Elle sort un nouveau sac en plastique et il ne met que quelques secondes à reconnaître la forme des croquettes. D’abord hésitant, l’animal en mal d’amour finit par se laisser tenter. Il fait un pas, puis un second…Il se redresse sur ses pattes et rejoint la jeune femme, savourant des caresses comme il n’en a pas reçu depuis longtemps, s’aplatissant sous sa main. Le moindre geste brusque le fait sursauter. La peur est présente au plus profond de son être. Toutefois la patience et la délicatesse de Mariana savent le persuader de rester à ses côtés. Appâté par le sac, Lord parvient à se faire comprendre en s’exprimant par des plaintes dignes de véritables tirades shakespeariennes, la truffe focalisée sur les croquettes et la langue détourant ses babines. Il fait rire Mariana, qui vide le contenu du sachet à même le sol, pour le plus grand plaisir du jeune animal.”
Blandine P. Martin est passionnée depuis toujours par l’art et les animaux. L’écriture s’est imposée à elle dès sa plus tendre enfance, sous la forme de petites BD naïves à souhait où de courageux princes venaient porter secours à des princesses en danger… Pourtant, déjà à cet âge-là, on lui reprochait de préférer ses amis à quatre pattes aux humains. Peut-être trouvait-elle chez eux cette force et ce soutien sans faille, cette constance d
ans les rapports simples et vrais ?
Après la publication de ses deux premiers romans, elle décide de mettre sa plume au service des animaux. Bénévole dans un refuge et impliquée dans la protection animale au quotidien, elle tente désormais de donner la parole à ces êtres qui ont tant à nous apprendre.
Et puis un jour, Lord va bouleverser son existence… C’est un chien au regard vert clair, à la truffe rose foncé, un pelage mi-long parsemé de tâches allant du beige au marron, une patte présentant une fracture mal ressoudée, un air de Border Collie, un petit loup perdu dans l’enfer. Découvrant sa photo, elle décide alors de tout mettre en oeuvre pour adopter ce chien et le faire quitter son pays où règne l’insécurité la plus totale pour la gente canine.
Blandine P. Martin nous conte l’histoire de son chien venu de Roumanie ”Lord Seigneur des Rues Roumaines”, un ouvrage paru aux Editions du Puits de Roulle, dans la collection Etre Sensible. La préface a été réalisée par Mariana Si Claudiu Amariei qui oeuvre en Roumanie. Blandine P. Martin met en avant toutes les personnes engagées, les associations et leurs initiatives pour sauver tous ces chiens, cette chaîne de solidarité sans laquelle rien ne pourrait se faire. L’auteur nous fait partager les péripéties d’une adoption réussie, basée sur l’affection, la compréhension et la patience et sur un point commun aux défenseurs de la cause animale : une persévérance à toutes épreuves peu importe la situation et les difficultés rencontrées !
La Roumanie vous connaissez ? Bien sûr, vous avez déjà entendu parler de ce pays qui n’est situé qu’à deux ou trois heures d’avion de la France, un pays qui fait partie de l’Union Européenne. Vous vous remémorez peut-être l’histoire du célèbre Comte Dracula dans son château des Carpathes ou bien le terrible Nicolae Ceausescu qui a fait couler tant d’encre et de sang… Car lorsqu’on évoque la Roumanie, souvent on pense au régime qui y a régné et qui règne aujourd’hui sous une forme tout aussi stricte et tout particulièrement pour les chiens présents sur son territoire. La Roumanie s’efforce tant bien que mal de dissimuler au regard du monde le sort qu’elle réserve aux chiens errants et même à ceux appartenant à certains particuliers.
Vous rappelez-vous les images effroyables de l’exécution de Ceausescu et de son épouse ? Lorsque cet homme mégalomane à souhait s’empara du pouvoir, en 1970, il fit construire des barres d’immeubles. Il décida d’y interdire les chiens ! Allez savoir pourquoi ? Soit il avait un compte à régler avec un chien ou un propriétaire de chien peut-être…ou tout simplement il n’aimait pas les chiens et avait décidé de leur faire payer au plus haut point. Cela ne s’explique pas mais quand on n’aime pas les chiens, il y a peu de chances que l’on soit compatissant envers la gente humaine. On découvre souvent l’image des hommes dans leurs rapports aux chiens… Les faits se sont avérés exacts un peu plus tard !
Les Roumains ne résistèrent pas très longtemps aux menaces. Ils décidèrent d’abandonner leurs chiens à leur triste sort, errant dans les villes. Merci Mr Ceausescu ! On comprend mieux sa fin terrible et justifiée. Oui la souffrance animale se paie toujours à un moment donné. Les chiens livrés à eux-mêmes dans la rue se multiplièrent. Mais plutôt que de préconiser des campagnes de stérilisation, les humains sans le moindre état d’âme ont décidé l’éradication de l’espèce canine !
Le gouvernement en place aujourd’hui poursuit dans le même registre et sans le moindre état d’âme. En 2013, un enfant se serait fait attaquer par des chiens errants. Les médias ont utilisé ce fait divers pour capturer et euthanasier sans pitié des chiens. Plus tard, on apprenait que cet enfant n’avait pas été victime d’une attaque de chiens, mais qu’il s’agissait d’un subterfuge pour couvrir un viol commis par des hommes…C’est incroyable comme l’espèce humaine se plaît à faire endosser ses travers par le monde animal ! Il n’y avait là aucune question de santé publique. Mais le gouvernement roumain ne comptait certainement pas s’arrêter…
Des camps de concentration pour chiens sous forme de fourrière-mouroir ont vu le jour. Des dogs-catchers, une armée de traqueurs de chiens attirés par une rémunération très alléchante s’en sont donnés à coeur joie à capturer ou à tuer des chiens errants ou même ceux de particuliers. On peut imaginer les pires atrocités vécues par tous ces chiens qui se déroulent sans que personne ne trouve rien à redire ! Finalement, la Roumanie vaut bien le festival de Yulin en Chine ! Aucune humanité !
Les chiens sont tués par la violence des captures, achevés à coups de pelle ou de hâche, entassés dans des camions pour finir dans des refuges. Ils seront tués en masse par des injections létales, mais avec du carburant ou du lave-glace dans le coeur, des cadavres de chiens recyclés dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique, dans la fabrication de farines ou de croquettes…. Voilà le vrai visage de la Roumanie du XXIème siècle, en l’an 2016 à l’égard des chiens ! Et de l’autre côté, il y a des associations qui tentent désespérément de sauver ces chiens du plus cruel destin. Tout ça Blandine l’a découvert. Ca a été pour elle un véritable choc émotionnel. Elle a compris qu’elle devait faire quelque chose à sa manière, intervenir pour sauver Lord.
Blandine P. Martin nous fait partager l’histoire du sauvetage de Lord. Elle nous ouvre les yeux sur le triste sort réservé aux chiens des rues de Roumanie. Elle met aussi en avant toutes ces personnes engagées pour sauver ces chiens et leur dévouement. Il faut que de telles horreurs cessent. Il existe des campagnes de stérilisation et donner les moyens à tous ces refuges de faire vivre ces chiens dans de bonnes conditions et connaître l’adoption.
C’est un récit extrêmement touchant, avec beaucoup de justesse et de bienveillance, sans tomber dans le mélo. C’est une belle leçon de vie qui parvient à émouvoir. L’histoire de ”Lord Seigneur des Rues Roumaines” peut servir d’exemple à tous ceux prêts à relever le défi et à écrire une nouvelle histoire d’adoption, à redonner à un chien venant de Roumanie une existence digne et respectueuse ou encore aider toutes ces associations présentes en France et dans ce pays au service de ces animaux.
Extrait : ”Et puis grâce aux réseaux sociaux, je finis par découvrir le génocide canin qui se déroule en Roumanie. Des images toutes plus choquantes les unes que les autres, avec un décompte au-dessus de chaque photo de chien, annonçant la date programmée de leur mise à mort. J’en pleurais. Chaque jour, des dizaines et des dizaines de portraits annonçaient l’exécution de ceux n’ayant pu être sauvés de la terrible fourrière de Pascani. Bouffée par l’impuissance, je pris mon courage à deux mains et je me renseignai sur les possibilités d’aider ces animaux. Ces recherches me conduisirent jusqu’aux sites internet de plusieurs associations françaises qui oeuvrent pour trouver des foyers partout dans le monde afin de sauver ces petites misères. Parmi elles, Mukitza, basée dans la capitale française.”
Les Editions du Puits de Roulle
www.editionsdupuitsderoulle.com
Page Facebook officielle du livre :
www.facebook.com/LordSeigneurDesRuesRoumaines/
Site officiel de l’auteur :
https://blandinepmartin.fr
Les photos illustrant cet article sont de Flick.r : Andra Moclinda – Olivie Duval – Abejorro 34 – Myri Bonnie – Monique Betten – Jeff Collett – Liz.
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